Isabelle  Guigou

 

Ces poèmes,  tous inédits, sont extraits d’un ensemble intitulé MAINS. Le premier livre d’Isabelle Guigou “lambeaux de jours”   a paru en 2001 à La Bartavelle éditeur.

 

 

 

J’écris à la lueur d’espoir

D’espoir de déchiffonner les existences en boules par quelles mains ainsi réduites?

D’espoir d’écarteler les doigts de brume qui nous détiennent

J’écris pour qu’une main émerge libre

Emarge

Les feuilles de présence. la vie frôlée.

 

               

 

A plat ventre sur les jours

Nous creusons

Avançons le bras vers la rencontre

Evidons de nos ongles l’opacité du sable

Jusqu’aux palpitations d’une main pressentie au travers du dernier voile

Enfin le goût de ces doigts sur les nôtres

Un attouchement de lumière.

 

 

               

 

 

 

Mains ton regard

Mains tes lèvres

Mains ta voix

Mains tes mots

Maintes et maintes mains

 

Mon cœur touché

Coulé

Si mes doigts ne te le livrent

Si les tiens ne le cueillent

 

Cèdent les surfaces

A l’insistance du toucher

Comme s’écaille l’écorce du platane

Sens-tu sous tes doigts

Sourdre la vie?

               

               

 

 

Un ciai domnà tà rog*

Ta voix de bois mort

Et en couronne autour du bol que je te tends

Tes doigts d’épines

 

Mes yeux s’y lacèrent

 

Tu portes seule la croix

Sur tes épaules de vieille tsigane.

 

*     Un thé madame s’il te plaît

 

               

 

 

Je suis

Dans le coffre d’une voiture

Les enfants tsiganes nous poursuivent en courant

Ils sont

Dans leurs mains qui demandent

Je prends

Des photos

 

Est-ce répondre?

 

 

 

               

 

 

 

A la porte de tes paupières

Je reste

Tu ne réponds pas

Il y a sur la table

Ton Poing

Dur

Comme une grosse pierre au milieu d’une route

A l’éboulis.

 

               

 

 

La main crépite

Autour d’elle nous nous réunissons

Au plus près

Sa chaleur fond les paroles gelées

Nos lèvres au même moule.

 

               

 

 

Le temps d’une après-midi de campagne

S’attarde sur la main : taches violacées, accrocs de chair

Croire que le savon nous rendra

A la toile blanche d’une paume

Au recommencement du nous.